Capsule

Le français à l’Université d’Ottawa, depuis 1965

La charte civile (1866) de l’Université d’Ottawa ne mentionne pas le bilinguisme de l’institution, sa charte pontificale (1889) non plus.  La Loi de l’Université qui consacre son nouveau statut en 1965 le fera, en décrétant qu’elle a comme but non seulement de « favoriser le développement du bilinguisme et du biculturalisme », mais aussi de « préserver et développer la culture française en Ontario1 ». La coexistence du français et de l’anglais n’y sera cependant pas plus facile qu’avant.

N’ayant fait l’objet d’aucune prescription jusqu’ici, le bilinguisme avait été appliqué de façon très inégale à l’Université d’Ottawa.  En 1965, le français est quasi absent de l’enseignement en sciences, en génie, en sciences de la santé et en médecine.  En 1966, le Sénat crée un comité chargé de préparer un règlement sur le bilinguisme. Devant son incapacité à arriver à un consensus, un groupe de travail plus restreint le remplacera trois ans plus tard.  Celui-ci mettra deux ans pour déposer son rapport, dont la discussion au Sénat traînera ensuite en longueur. Bref, la tâche d’en arriver à un règlement se révèle pénible, et ce n’est donc qu’en 1974 qu’il sera finalement adopté.  Il faudra encore plus de dix ans avant que ne soient produits les premiers plans détaillés de développement des programmes et des services en français (1986 et 1991). 

Pendant ce temps, l’institution connaît une croissance fulgurante. La clientèle étudiante à temps plein et à temps partiel passe de 11 000 en 1965 à 25 000 en 1998.  On compte, toutefois, parmi les étudiants une proportion moins élevée de francophones, qui passe de 50 % en 1965 à 36,5 % en 1998.  L’abolition du test obligatoire de bilinguisme pour l’obtention d’un diplôme de premier cycle en 1993 explique en partie cette baisse. L’arrivée de la double cohorte en septembre 2003, à la suite de l’abolition de la 13e année en Ontario, accélérera le processus, faisant passer le pourcentage des francophones sous la barre des 30 %.  Il se maintiendra autour des 30 % dans une institution qui accueille plus de 40 000 étudiants depuis le tournant des années 2010. Bien que l’offre de cours et de programmes en français n’ait jamais été aussi développée, on entend de moins en moins de français sur le campus. Nul ne s’étonnera que le projet d’une université de langue française en Ontario revienne à l’avant-scène.

 

 

1 Loi de l’Université d’Ottawa 1965, S.O. 1965, C. 137.