Capsule

Romancières, conteuses et poètes

Les femmes occupent une place particulière dans le panthéon des écrivains d’Ottawa. Elles s’imposent après la Première Guerre mondiale, comme romancières et conteuses ainsi que comme poètes. Plusieurs ont connu de grands succès de librairie. Contrairement à la génération d’écrivains qui les a précédées, elles montrent bien peu d’intérêt pour la cause nationale.

L’œuvre poétique de Simone Routier figure parmi les plus remarquables. Née à Québec, elle réside ensuite à Paris, puis à Ottawa quelques années avant d’entreprendre une carrière diplomatique. Elle est l’auteure de plusieurs recueils de poésie, dont les deux derniers ont été publiés durant son séjour à Ottawa, en 1947. Le long voyage et Psaumes du jardin clos sont des œuvres personnelles, qui relèvent de la quête mystique.

Les contes et nouvelles de Marie-Rose Turcot contribuent aussi à la littérature féminine d’Ottawa. Son premier recueil, L’homme du jour, paraît en 1920. Turcot remporte avec un des contes, « Nestor et Piccolo », un prix de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il porte sur la fidélité à l’être aimé, un thème de prédilection de l’auteure, dont l’œuvre est considérée comme plutôt conservatrice. Son second recueil, Le carrousel (1928), sera très bien accueilli par la critique. Il regroupe des récits et des souvenirs d’enfance. Marie-Rose Turcot publiera des contes traditionnels recueillis auprès de personnes âgées d’Ottawa, de Montréal et de Québec. Elle fera ici figure de pionnière.

Plus près de nous, une auteure telle Claire Martin, née elle aussi à Québec mais ayant vécu à Ottawa pendant près de 30 ans, méritera le Prix du Cercle du livre de France pour son premier recueil de nouvelles, Avec ou sans amour (1958). Elle publie ensuite deux romans, puis deux livres autobiographiques, qui lui apportent la célébrité. Le premier tome de son autobiographie, Dans un gant de fer (1965), lui vaut le Prix de la Province de Québec et le Prix France-Québec, le second, La joue droite (1966), le Prix du Gouverneur général. Claire Martin y jette un regard décapant sur les relations entre les hommes et les femmes, entre les parents et les enfants, ou entre les enfants eux-mêmes. Le courage et la libération auxquels appelle l’auteure, placent son œuvre parmi les premières manifestations du féminisme au Canada francophone.