La « divercité »

Mes deux enfants parlent le français, ils vont à l'école française, ça nous donne beaucoup de force à continuer notre vie ici, à Ottawa. – Rola Jreij, réfugiée syrienne à Ottawa1

Originaires de la ville de Homs en Syrie, Rola Jreij, son époux et ses deux enfants arrivent à Ottawa en décembre 2016, depuis le Liban. De religion chrétienne maronite, ils sont parrainés par la paroisse francophone Saint-Louis-Marie-de-Montfort. Les deux enfants fréquentent l’école catholique Montfort, où ils s’intègrent très bien.

Entre 2012 et 2016, le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est a accueilli plus de 600 élèves, comme eux, nouvellement arrivés au Canada. Durant la même période, le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario en accueillait plus de 300 élèves dans ses écoles de la région de la capitale nationale. Une cinquantaine d’entre eux sont d’origine syrienne. Ils sont arrivés à Ottawa depuis la Syrie, la Jordanie, le Liban et la Turquie. Ils sont venus gonfler les rangs des 28 000 immigrants francophones recensés à Ottawa en 2011, et qui comptaient déjà pour 18 % de la population francophone de la capitale.

Plusieurs immigrants francophones récents, souvent des réfugiés, proviennent comme la famille de Rola Jreij, de pays dévastés par la guerre : Rwanda, Burundi et République démocratique du Congo. On en compte également un grand nombre venus au Canada depuis la corne de l’Afrique (Somalie, Djibouti) et l’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Sénégal), si bien que 40 % des immigrants de langue française à Ottawa s’identifient comme Noirs. C’est pour célébrer leur contribution à la vie française de la capitale et sa « divercité » que La Cité organise la Soirée multiculturelle depuis bientôt dix ans, à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs.

Nombre de ces immigrants francophones connaissent des parcours difficiles. La proportion de familles à faible revenu est deux fois plus élevée chez les immigrants francophones qu’au sein de la population francophone dans son ensemble, trois fois plus élevée chez ceux qui s’identifient comme Noirs. On remarque aussi chez eux des situations familiales plus fragiles, y compris un plus grand nombre de familles monoparentales. La géographie des immigrants francophones atteste de leur vulnérabilité socio-économique. Ils se concentrent là où le logement est le plus abordable : dans les anciens bastions francophones du centre-ville, délaissés par les francophones nés au pays, ainsi que dans les banlieues multiculturelles sud et ouest d’Ottawa. Divers programmes sont mis en place dans les écoles et centres communautaires de ces quartiers pour favoriser leur intégration.

Ottawa compte un nombre grandissant de nouveaux arrivants francophones. Ils insufflent un dynamisme nouveau à la vie française de la capitale. Mais le défi reste de leur pleine participation aux institutions, tant à titre de bénévoles que d’employés. Peu de personnes issues de l’immigration se haussent parmi leurs dirigeants.


1ICI Ottawa-Gatineau, « Vivre en français à Ottawa : un défi pour les réfugiés syriens »
Publié le jeudi 8 décembre 2016 à 20 h 00 | Mis à jour le 9 décembre 2016 à 14 h 25.

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Murale représentant des jeunes d'origines culturelles variées, réalisée par des jeunes du secteur Vanier et dévoilée le 28 juillet 2011. Réalisée à l'initiative de plusieurs organismes du milieu. La murale est localisée au 181 McArthur.

Source : Photographie parue dans L’Express [Ottawa], vol. 28, édition du 3 août 2011, muralemuseoparc-vanier.

Photographie en couleur d'un groupe d'adolescents de différents groupes raciaux debout devant une murale colorée représentant le caractère multiculturel et inclusif du lieu.