L'âge d'or de la Basse-Ville

Les années 1850 sont cruciales dans l’histoire de la vie française dans la capitale. Au commerce du bois, qui avait fait s’établir à Bytown bon nombre d’artisans et de travailleurs de langue française et leur famille, s’ajoute un nouveau facteur d’attraction des Canadiens français vers la ville : promue au rang de cité en 1855, Bytown qui répond désormais au nouveau nom d’Ottawa est choisie comme capitale du Canada par la reine Victoria en 1857.

Les années qui suivent sont celles de « l’âge d’or » de la Basse-Ville. Artisans, menuisiers, maçons, ferblantiers et autres convergent vers Ottawa pour la construction des édifices qui accueilleront le gouvernement. La population augmente. Le quartier bourdonne d’activités. Les magasins sont remis à neuf, le marché By se développe. Derrière, la ville continue de se densifier, à l’ombre des tours de l’église Notre-Dame, promue cathédrale en 1847. Le quartier abrite la moitié de la population d’Ottawa au tournant des années 1870. De ce nombre, 52,5 % sont francophones en 1871, un pourcentage qui grimpera à 71,5 % en 1901.

L’industrialisation d’Ottawa se poursuivant, la Basse-Ville évolue rapidement pour devenir, ce qu’elle sera pendant près d’un siècle, un quartier d’ouvriers, souvent locataires. Un recensement fait dans les années 1862 et 1863 dans deux rues considérées comme des microcosmes de la Basse-ville Ouest, les rues Murray et St. Patrick, révèle que sur les 185 résidents, seulement 33 sont propriétaires de leur logement. Les deux tiers d’entre eux sont des ouvriers. Certes, la Couronne possède encore plusieurs lots dans le secteur, qui seront mis en vente ultérieurement. Mgr Guigues, évêque d’Ottawa, devenu propriétaire d’une grande partie du territoire au nord de la rue St. Patrick, revendra aussi plusieurs lots. Des francophones mieux nantis s’établiront dans le quartier, faisant de la Basse-Ville francophone un milieu diversifié, où vivent aussi médecins et avocats, fonctionnaires et commerçants. Plusieurs institutions emblématiques de la vie française dans la capitale y seront fondées, dont l’Institut canadien-français, qui a fêté son 150e anniversaire en 2002.

La vaste entreprise de rénovation du quartier menée dans les années 1960 fera disparaître plusieurs témoins de cet âge d’or francophone de la Basse-Ville. Les immeubles qui subsistent se concentrent dans sa partie ouest. Des initiatives telles les Promenades de Jane, nommées en l’honneur de l’activiste américaine Jane Jacobs, rappellent en mai de chaque année qu’il a déjà été le cœur et le poumon de la vie française d’Ottawa.

 

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Vue de l'arrière du collège Larocque-Lafortune, depuis la cour de la maison de fer-blanc, Ottawa, 8 août 2011. La maison de fer-blanc, située dans le marché By, est un imposant bâtiment de pierre et un témoin privilégié de l'histoire des francophones du quartier. Photo : Concierge.2C.

Source : CC BY-SA 3.0. Wikimedia Commons, Ottawa - Collège Larocque-Lafortune.

Photographie en couleur d’une cour intérieure avec, à l’avant-plan, une fontaine. Derrière, deux bâtiments, un en bois et l’autre en pierre. La façade en métal d’une maison est accrochée en haut d'un mur du bâtiment de pierre.