Nouveaux visages, nouveaux territoires

Vorte d’une économie prospère, dont la fonction publique ne constitue qu’une des multiples facettes, Ottawa attire des francophones de tout le pays. Nombreux sont aussi les immigrants francophones à s’installer dans la capitale, reconnue pour l’excellence de ses collèges et universités. La population de langue maternelle française est passée de 104 120 habitants en 1981 à 131 299 en 2011, ce qui lui a permis de développer son réseau institutionnel dans un large éventail de secteurs de la vie collective. Elle s’est ainsi dotée d’un collège de langue française, d’un centre francophone de théâtre professionnel (La Nouvelle Scène), d’un hôpital universitaire, pour ne nommer que quelques-unes de ces nouvelles institutions, largement fréquentées par les 230 000 francophones de Gatineau.

Durant la même période, le poids des francophones a cependant diminué. La proportion de francophones est passée de 19,2 % à 15,0 %, leur croissance étant supplantée par celle des non-francophones. Des analystes s’inquiètent des effets à long terme de la montée en flèche du nombre de familles bilingues et de la non-transmission du français à la prochaine génération. L’anglicisation des francophones liée à la difficulté du français à s’imposer comme langue de travail, et plus largement comme langue d’usage public dans la région, constitue un défi tout aussi pressant.

Qu’ils utilisent ou non l’anglais au quotidien, les francophones d’Ottawa sont fiers de leur culture, et leur appartenance à la communauté ne se dément pas. Les nombreuses écoles françaises de la région sont d’importantes courroies de transmission d’une identité culturelle forte chez les jeunes. Les enfants les fréquentent très tôt, les services de garde d’enfants étant souvent hébergés dans les écoles. Des centres tels le Centre culturel d’Orléans, exploité par le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO), le Centre des services communautaires Vanier, ou encore le Patro dans la Basse-Ville servent de lieux de rassemblement des familles et des aînés dans ces quartiers francophones bien établis de l’est et du centre de la capitale.

C’est dans ces quartiers traditionnels que l’on observe aujourd’hui les plus fortes proportions de francophones. Mais l’espace du français s’est aussi étendu vers le sud et l’ouest, couvrant aujourd’hui l’ensemble du territoire de la ville. On chérit le projet d’y mettre sur pied de nouvelles institutions, telle la Maison de la francophonie d’Ottawa, destinée à accueillir plusieurs organismes francophones sous le même toit dans une partie de la ville qui a vu bondir sa population francophone depuis quelques années. Mais le projet a été retardé, les coûts dépassant toutes les prévisions.

Ici comme dans plusieurs autres nouveaux territoires francophones de la capitale, l’offre de services en français reste inégale. Contrairement aux services du gouvernement de l’Ontario, qui, en vertu de la Loi de 1986 sur les services en français, sont offerts dans les deux langues, ceux de la Ville d’Ottawa ne sont pas garantis par la loi. Malgré l’appui d’une majorité des citoyens d’Ottawa au bilinguisme, 150 ans après la Confédération, la capitale n’est toujours pas officiellement bilingue.

i

La façade de la salle de spectacle La Nouvelle Scène, située au 333, avenue King Edward à Ottawa, 28 novembre 2009. Cet édifice a été démoli pour faire place à une nouvelle Nouvelle Scène en 2016, localisée à la même adresse. Photo : Syl.sab.

Source : CC BY-SA 3.0. Wikimedia Commons, LaNouvelleScene_Ottawa.

Colour photograph of a one-story brick theatre building, painted dark blue, with several glass doors and windows. A marquee announces that the next play will be “L'Illusion comique de Corneille,” presented by the Théâtre la Catapulte.