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Joseph-Balsora Turgeon

Joseph-Balsora Turgeon sera le premier maire francophone d’Ottawa en 1853-1854. Né à Terrebonne vers 1810, Joseph-Balsora (ou Balzora, Balsara, Balzura) Turgeon serait arrivé à Bytown en 1836 – d’autres sources parlent de 1841 – pour travailler dans l’industrie du bois. Il exercera ensuite le métier de forgeron. Il est élu conseiller à l’hôtel de ville pour la première fois en 1848, et nommé premier magistrat (juge de paix).

Dès l’année suivante, Turgeon est plongé dans le conflit qui oppose réformistes et conservateurs au sujet de la visite à Bytown de lord Elgin, gouverneur général du Canada, un allié des réformistes. Alors que le maire de Bytown, un conservateur, refuse de convoquer une réunion destinée à organiser sa visite, deux conseillers réformistes de la Basse-Ville, Charles Sparrow et Joseph-Balsora Turgeon, prennent les devants. Cette initiative provoquera un affrontement violent entre les deux camps, qui restera gravé dans les mémoires sous le nom de Stony Monday.  Turgeon quittera alors le conseil, pour y revenir en 1851. Il sera choisi comme maire parmi les conseillers élus, deux ans plus tard. C’est sous son mandat que la municipalité s’équipera de pompes pour combattre les incendies. Mais on se souviendra davantage de lui pour avoir voulu changer le statut de Bytown de ville à « cité », afin de mieux refléter le dynamisme de sa population et de son économie, et d’avoir voulu en changer le nom. Sa démarche auprès de la législature de l’Ontario portera fruit l’année suivante.

Figure dominante de la communauté franco-ontarienne de l’époque, on doit aussi à Joseph-Balsora Turgeon un système d’écoles séparées à Ottawa. Rappelons qu’il incombe alors au conseil municipal d’ériger de telles écoles si des citoyens en font la demande, de fixer les territoires qu’elles desservent et d’en faire élire les commissaires. Or, Turgeon constatera rapidement les injustices subies par les francophones au sein du conseil scolaire de Bytown pour les écoles communes, créé quelques années plus tôt. Et il s’assurera d’y remédier avec un autre conseiller de la Basse-Ville de l’époque, le catholique de descendance irlandaise Henry J. Friel, en mettant sur pied des écoles séparées destinées aux francophones d’Ottawa.  On attribue à Joseph-Balsora Turgeon la fondation de l’Institut canadien-français d’Ottawa, qui sera un point de ralliement des forces vives de la francophonie d’Ottawa.