Capsule

De l'ACFÉO à l'ACFO

Le 20 mars 1969, l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFÉO) est rebaptisée Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO). Au-delà d’un nom, c’est la mission même de l’organisme qui change : il élargit le champ de ses responsabilités à tous les domaines de la vie collective des francophones et démocratise son fonctionnement. L’objectif est ambitieux. Une nouvelle structure parapluie est créée pour arriver à l’atteindre. Elle inclut les nombreuses associations spécialisées qui ont vu le jour et qui se sont affiliées à l’ACFÉO au fil des ans et des conseils régionaux, afin de rapprocher l’organisme de sa base.  

Une des premières initiatives de cette nouvelle ACFO est de mettre sur pied un service d’animation socioculturelle régionalisé, avec l’aide du Secrétariat d’État qui le finance. Le Comité franco-ontarien d’enquête culturelle (Saint-Denis) l’avait fortement recommandé devant le constat de l’anémie culturelle des « régions ».  Mais les relations sont tendues entre « l’ACFO-provinciale » et certains de ses animateurs déployés sur le terrain pour sensibiliser la communauté à ses besoins et à ses ressources. La première voudrait donner la priorité aux enjeux linguistiques et culturels, voire « nationaux » qui sont au cœur de sa mission depuis sa fondation. Les seconds, inspirés des théories de la décolonisation, cherchent à faire valoir que l’objectif est avant tout de libérer les Franco-Ontariens de l’oppression économique et politique. La fronde viendra d’abord du Nord, mais elle s’étendra rapidement à tous les bureaux régionaux, incluant celui d’Ottawa. Et elle aura bientôt raison des dernières velléités de l’ACFO, qui souhaitait s’engager dans le développement communautaire. 

L’ACFO limitera dès lors ses interventions à la sphère politique et linguistique, cédant les autres dossiers aux associations régionales et aux associations spécialisées. Elle canalise ses énergies dans la revendication d’une loi-cadre ontarienne conférant au français un statut officiel. L’association réclame la gestion par les francophones des écoles de langue française de la province. Elle milite pour la création de collèges de langue française en Ontario et d’une université franco-ontarienne.

Mais l’influence de l’organisme diminue. Les nombreuses associations qui ont vu le jour au fil des ans pour assurer la concertation dans des sphères particulières (jeunesse, condition féminine, arts et culture, justice, santé et services sociaux, patrimoine, politique municipale, économie, etc.) font elles-mêmes le travail de revendication politique assumé jusque-là par l’ACFÉO-ACFO. De conflits en restructurations, et après avoir déménagé ses bureaux pendant quelques années à Toronto, l’ACFO sera intégrée en 2006 dans un nouvel organisme mis sur pied pour assurer leur concertation : l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario.