Capsule

Un ralliement historique

La crise du Règlement XVII ne concerne pas que les francophones de l’Ontario. Elle déborde rapidement les frontières de la province pour atteindre le Québec et le reste du Canada français. On en a la preuve le 22 juin 1913, lors des festivités de la Saint-Jean-Baptiste. On compte alors une dizaine de milliers de Canadiens français, venus principalement de l’Ontario, mais aussi du Québec, de l’Acadie et des États-Unis, qui auraient convergé vers Ottawa pour protester contre le Règlement XVII.

Dans son édition du lendemain, Le Droit rapporte que des milliers de personnes s’entassent le long de la rue Rideau pour assister au défilé de chars allégoriques décorés à l’effigie de différents symboles de la francophonie, dont Madeleine de Verchères, François 1er et Dollard des Ormeaux. Les chars des provinces de l’Ontario et du Québec sont salués sur le parcours par des applaudissements répétés. Le premier porte l’inscription : « Laissez-nous donc parler la langue de nos mères ». Sur le second, on peut lire : « Soyez loyaux à la couronne et parlez la langue que vous voudrez ». « Les décorations étaient belles et nombreuses parmi celles qui ont le plus attiré l’attention, on remarquait l’archevêché, l’édifice de l’Union Saint-Joseph, le Monument National, le couvent de la rue Rideau, le juniorat, etc. »1, lit-on dans Le Droit.  Après le défilé, les manifestants se dirigent vers l’aréna d’Ottawa où 6000 personnes assistent à la messe solennelle célébrée par Mgr Gauthier, archevêque d’Ottawa. Suivent des discours prononcés par les principaux porte-parole du mouvement d’opposition au Règlement XVII, dont Napoléon-Antoine Belcourt, qui déclare :

Le règlement no 17, que le département d’Éducation de notre province veut nous imposer constitue l’attaque la plus directe, la plus violente, la plus perfide et la plus injuste de toutes celles que nous avons eue [sic] à vaincre... [S]ans la résistance courageuse et opiniâtre que nous lui avons opposés [sic], il aurait pour résultat inévitable, la suppression complète et à courte échéance du français comme langue d’instruction et de communication entre l’instituteur et l’élève dans nos écoles2.

 

 

1 Le Droit, 23 juin 1913, p. 1.

2 Le Droit, 23 juin 1913, p. 4.