Capsule

Une question nationale 

Dès les premiers jours, la lutte pour sauver l’hôpital Montfort prend une tournure particulière.  Il y a, bien sûr, tous ces organismes francophones d’Ottawa et du reste de l’Ontario qui se rangent ouvertement derrière Montfort. Mais c’est surtout lorsque les appuis viennent d’ailleurs au pays que l’on prend toute la mesure de ce qui est en train de se passer.

Contre toute attente, et contre l’avis même de ses propres conseillers,  Lucien Bouchard, premier ministre péquiste du Québec, affirme au sujet de la fermeture de Montfort qu’elle causerait « un tort irréparable » à la communauté franco-ontarienne.  Jean Chrétien, premier ministre libéral du Canada, fait volte-face et exprime publiquement son appui à la lutte des Franco-Ontariens pour conserver leur hôpital, après avoir d’abord ordonné à ses troupes de ne pas se mêler de cette question provinciale. Sheila Copps, Marcel Massé et d’autres ministres fédéraux manifestent aussi leur soutien. Puis, ce sera au tour de Claude Ryan, ancien chef du Parti libéral du Québec et de Claude Castonguay, père de l’assurance maladie du Québec de le faire. Même le hockeyeur Guy Lafleur signe la pétition de S.O.S. Montfort.

Quelques semaines après le grand rassemblement du 22 mars, en pleine campagne électorale fédérale, l’influent quotidien de Toronto The Globe and Mail y va d’un éditorial percutant, invitant la Commission de restructuration à renverser sa décision. 

Le jugement à rendre est clair. Les bénéfices à tirer, en ce qui touche le bien-être des patients francophones anxieux vis-à-vis des services bilingues limités, la protection des droits des minorités, l’enseignement et la formation en français des médecins et du personnel de soutien et le fait d’avoir l’esprit en paix sur la scène de l’unité nationale… dépassent de loin les coûts…1

De toute évidence, la question de Montfort ne concernait plus seulement Ottawa, la région de la capitale nationale, voire l’Ontario. Elle avait pris une dimension pancanadienne.

 

1 « French-language hospital is worth preserving ». The Globe and Mail, 26 mai 1997, A16. Traduction de Michel Gratton.