Capsule

Une dette de justice envers les francophones

Le 17 avril 1962, le gouvernement fédéral annonce un vaste projet de rénovation des plaines LeBreton. Des centaines de résidents du quartier, Canadiens français et Irlandais pour la plupart, seront déplacés pour faire place à de nouvelles constructions jugées plus convenables pour ce quartier qui jouxtait le Parlement à l’ouest et que le ministre des Travaux publics de l’époque, David, J. Walter, qualifiait de « incredible eyesore ». Le quartier général de la Défense nationale devait y être construit dans ce qui deviendrait le « Pentagone du nord ». Mais le projet achoppe. Ainsi que ceux qui suivront, faute de consensus entre les paliers de gouvernement.

La Ville d’Ottawa, la municipalité régionale d’Ottawa-Carleton et la Commission de la capitale nationale, propriétaire du terrain et chargée de son aménagement, s’entendent finalement en 1998 sur un plan de redéveloppement du quartier qui est dévoilé en grande pompe. Il vise à recréer le tracé antérieur des parcelles et à y établir une communauté de densité moyenne. L’intention est de construire 2 400 logements, dont 25 % de logements sociaux. Ce projet est largement médiatisé. Certains le louangent pour son audace, d’autres le dénoncent pour les conséquences néfastes qu’il aurait sur la circulation automobile. On s’inquiète aussi de ses effets d’entraînement à la hausse du prix des terrains et de l’immobilier dans le voisinage.

Ce nouveau projet éveille chez les francophones des souvenirs douloureux. Ils se souviennent d’avoir été forcés de quitter leur quartier pour des édifices gouvernementaux qui n’ont jamais été construits, laissant le terrain à l’abandon pour plus de 40 ans.  Il n’en est pas moins porteur d’espoir : l’injustice faite aux familles francophones expropriées au milieu des années 1960, pourrait enfin être réparée.

Le projet permettrait de corriger les erreurs du passé et donnerait la chance à des familles francophones expropriées d’y retourner. Ce retour rétablirait le poids des francophones dans cette partie de la ville, leurs institutions ayant subi les foudres de l’assimilation. Il n’en reste pratiquement plus1.

 

1 Paul Gaboury, « Repeupler les plaines. À partir de ce quartier Ottawa pourrait s’accroître », Le Droit, 16 juin 1998, p. 18.