Par ses structures, « La Patente », de son nom officiel l’Ordre de Jacques Cartier (OJC), est une organisation très centralisée. Sa direction très autocratique se prête mal à la très grande diversité des réalités du français à l’échelle du pays. Les tensions qu’elle recèle atteignent un point culminant pendant la Révolution tranquille des années 1960.
Très tôt dans l’histoire de l’Ordre, ce fonctionnement rigide et peu démocratique provoque des frictions importantes entre la chancellerie et les éléments québécois de l’OJC. Les conflits s’enveniment à partir des années 1960, à mesure que les écarts se creusent entre les buts recherchés par les uns et les stratégies suggérées par les autres. De plus en plus maîtres de leurs institutions, les Canadiens français du Québec nourrissent des ambitions qui sont loin de rallier ceux du reste du pays. Or, ils forment le plus fort contingent de membres de l’Ordre, qui, lui, reste dirigé d’une main de fer par la chancellerie à Ottawa. L’adoption par les instances québécoises de l’Ordre d’un manifeste où l’on prend position en faveur d’un État national francophone au Québec met le feu aux poudres à l’automne 1964. Après plusieurs mois d’affrontement, une résolution visant à dissoudre l’Ordre est votée en février 1965.
Les chanceliers de l’Ontario continuent toutefois leurs activités au sein d’une nouvelle entité connue sous le nom de Commandeurs de l’Ordre des Franco-Ontariens. Comme l’organisation agit toujours dans l’ombre, on adopte un nom de façade : l’Association culturelle ontarienne. Sa structure est identique à celle de l’Ordre de Jacques-Cartier : une autorité suprême, la chancellerie, et des commanderies locales, auxquelles s’ajoutent des structures intermédiaires. La mission de la nouvelle organisation ne diffère pas non plus de celle qui avait présidé à la formation de l’Ordre de Jacques-Cartier près d’un demi-siècle plus tôt : promouvoir les droits des Canadiens français catholiques.
L'Association culturelle ontarienne, qui n’a jamais officiellement cessé d’exister, ne laisse aucune trace d’activités après 1971.