Capsule

La paroisse Saint-Jean-Baptiste et les Dominicains

Le 28 juillet 1872, 37 citoyens influents des quartiers LeBreton et Rochesterville adressent une requête à Mgr Joseph-Bruno Guigues, évêque d’Ottawa, afin qu’il les autorise à « faire les démarches nécessaires pour l’acquisition d’une propriété sise rue Queen, au coin de la rue Sherwood ou à tout autre endroit aux environs, dans la fin d’y bâtir une église provisoire en bois »1. Ils en ont assez de traverser à Hull pour y recevoir des services religieux.

L’église sera érigée rapidement, grâce à des souscriptions et avec l’aide des paroissiens. Sa bénédiction solennelle le 3 novembre 1872 donne lieu à d’importantes célébrations. Il ne faut pas s’en étonner : la première paroisse canadienne-française d’Ottawa entre alors dans l’histoire.

La paroisse Saint-Jean-Baptiste est d’abord confiée au curé Eugène-Henri Porcile, qui tente sans succès de fonder sa compagnie de clercs enseignants pour l’assister.  Les Dominicains, récemment arrivés au Canada, prennent le relais en 1884. Ils donneront à la paroisse son originalité. Le couvent qu’ils érigent au tournant du siècle à côté de la nouvelle église, déménagée juste avant leur arrivée sur un site plus convenable, rue Primrose, favorise à Saint-Jean-Baptiste un service liturgique dont l’historien Pierre Savard dira qu’il est « exceptionnel2». Il attire dans la région des théologiens de renom, venus de l’étranger pour livrer des conférences très courues du grand public.  Le couvent forme aussi certains religieux parmi les plus illustres au pays, tel le père Georges-Henri Lévesque, que l’on considère comme l’un des grands inspirateurs de la Révolution tranquille québécoise, qui y a étudié et enseigné avant d’aller fonder la Faculté des sciences sociales à l’Université Laval en 1938. Le couvent et la paroisse sont étroitement liés. Ses professeurs agissent comme prédicateurs et président les célébrations paroissiales; d’autres membres de la communauté s’impliquent dans l’administration de la paroisse; d’autres, enfin, participent aux activités de partage de la paroisse. Saint-Jean-Baptiste attire des fidèles de toute la ville lors des célébrations des grands moments de l’année liturgique. Elle est connue partout au pays, la messe célébrée à Saint-Jean-Baptiste étant souvent diffusée à la télévision de Radio-Canada.

Surtout actifs dans les domaines de l'enseignement supérieur et de l'animation de la vie culturelle et intellectuelle, les Dominicains d'Ottawa feront de la paroisse Saint-Jean-Baptiste un lieu « incontestablement à l’avant-garde du renouveau liturgique des années 1950 et du début des années 19603». Après avoir été érigé en faculté de théologie donnant les grades canoniques, le couvent des Dominicains se voit conférer, en 1967, une charte universitaire civile par le gouvernement ontarien et devient le Collège dominicain de philosophie et de théologie.

 

 

1 Reproduite dans Élisabeth J. Lacelle et Pierre Savard (dir.), Saint-Jean-Baptiste d’Ottawa, 125e anniversaire 1872-1997, De mémoire vive, 1947-1997, Ottawa, 1997, p. 10.

2 Pierre Savard, « La paroisse Saint-Jean-Baptiste 1947-1997 », dans Élisabeth J. Lacelle et Pierre Savard (dir.), Saint-Jean-Baptiste d’Ottawa, 125e anniversaire 1872-1997, De mémoire vive, 1947-1997, p. 23.

3 Ibidem.